Faut-il élargir l’Union Européenne et intégrer de nouveaux membres ?

L’Union européenne (UE) est aujourd’hui confrontée à une série de défis complexes qui mettent à l’épreuve son modèle d’intégration et sa capacité à jouer un rôle efficace sur la scène internationale. L’un de ces défis majeurs est l’élargissement actuel de l’UE, qui soulève des questions essentielles que nous ne pouvons pas ignorer. Actuellement, huit pays aspirent à rejoindre l’UE : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Moldavie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie, la Turquie et l’Ukraine. Notre position sur cette question est claire : nous nous opposons à un élargissement immédiat, et en voici les raisons.

1. Principe de décision unanime vs. prise de décision efficace

L’élargissement actuel de l’UE pose un défi majeur en termes de dilution du pouvoir politique et de complexification des processus décisionnels. À mesure que le nombre de membres augmente, la recherche de compromis et la mise en œuvre de projets communs deviennent plus difficiles. Par exemple, au sein de l’UE actuelle de 27 membres, les décisions doivent être prises à l’unanimité dans des domaines sensibles tels que la fiscalité, le budget de l’UE, la sécurité sociale et la politique étrangère. Cela signifie qu’un État membre de petite taille (Malte, 550.000 habitants) pourrait bloquer une décision bénéfique pour la majorité des citoyens européens (450 millions de personnes). Dès lors, nous estimons qu’il faut repenser les instances démocratiques de l’UE et de simplifier la prise de décision avant d’intégrer de nouveaux membres et ainsi ralentir encore plus la machine actuelle.

2. L’impact économique et social de l’élargissement

Ensuite, l’élargissement actuel de l’UE met en péril la cohésion économique et sociale de l’Union. En effet, les pays candidats à l’adhésion sont souvent moins développés et moins respectueux des normes européennes que les pays membres actuels. Alors que le produit intérieur brut par habitant de l’UE à 27 est de 26.000 euros en 2020 en moyenne, celui de l’un des candidats à l’entrée dans l’UE, la Moldavie, est de six fois inférieur. L’UE devra mettre en place des fonds structurels importants pour rattraper leur retard, ce qui réduit les marges de manœuvre budgétaires de l’UE. Ainsi, l’Ukraine pourrait bénéficier de 186 milliards d’euros de subventions sur sept années si elle est acceptée au sein de l’UE. Les états membres pourraient avoir à augmenter leur contribution au budget de l’UE, tout en recevant moins de subventions (« En entrant dans l’UE, l’Ukraine recevrait 186 milliards d’euros sur sept ans », Les Echos). De plus, de par leur situation financière instable, les nouveaux entrants sont aussi plus exposés aux crises économiques et financières, ce qui fragilise la stabilité de la zone euro. Enfin, ils sont moins enclins à accepter les politiques communes en matière sociale, environnementale ou migratoire, ce qui menace la solidarité et les valeurs européennes.

3. Une intégration responsable

Enfin, l’intégration doit être une volonté mûrement réfléchie et durable des peuples et des gouvernements de ces pays candidats, qui pourra être bénéfique à ces pays comme aux membres actuels de l’UE. Cette intégration ne doit pas être un moyen de contourner une guerre, de se rassurer vu le contexte géopolitique instable (par exemple vis-à-vis de la Russie), ou d’obtenir des alliés en précipitant les autres membres de l’UE dans une future guerre.

En conclusion, nous soutenons que l’élargissement actuel de l’UE n’est pas la meilleure stratégie pour renforcer notre Union. Face à de nombreux défis mondiaux tels que la crise avec la Russie, la transition écologique, et le changement climatique, nous plaidons pour une Europe plus resserrée, plus démocratique et plus solidaire. Avant d’envisager de nouveaux membres, nous devons renforcer les bases de l’UE pour qu’elle puisse défendre efficacement ses intérêts et son identité dans le monde. Une fois ces fondations consolidées, nous pourrons envisager l’intégration de nouveaux membres dans un esprit de responsabilité et de durabilité.

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